L'habile stratégie d'un labo
Alain Aufrère, responsable « Relations et communication scientifique » pour les vaccins et la médecine du voyage au sein des laboratoires SmithKline Beecham :
« Dès 1988, nous avons commencé à sensibiliser les experts européens de l'O.M.S. (Organisation Mondiale de la Santé) à la question de l'hépatite B. De 1988 à 1991, nous avons financé des études épidémiologiques sur le sujet pour créer un consensus scientifique sur le fait que cette hépatite était un problème majeur de santé publique. Avec succès, puisqu'en 1991, l'O.M.S. a émis de nouvelles recommandations en matière de vaccination contre l'hépatite B.
En France, nous avons eu la chance de tomber sur Philippe Douste-Blazy, un ministre de la Santé dynamique. Nous sommes allés le voir et il a compris du premier coup qu'il y avait un problème de santé publique.
Cela n'a pas été le cas avec l'Allemagne et la Grande-Bretagne. L'hépatite B, les Britanniques n'en démordent pas : ils disent ne pas connaître... Ailleurs comme au Bénélux, il s'agit d'abord d'une question de manque d'argent. Une campagne de vaccination de cette taille coûte une fortune.
Et puis il faut trouver le ministre qui amorcera le mouvement. En 1994, en France, nous avons décroché le marché de la vaccination en milieu scolaire. Quand un enfant se fait vacciner en sixième, sa mère pense à faire vacciner ses autres enfants par son médecin traitant et puis elle se dit « pourquoi pas moi et mon mari ? »
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